Guerre en Ukraine : Vladimir Poutine évoque l’idée d’une “administration transitoire” sans Volodymyr Zelensky
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On peut relever l’importance de sa vision d’une mondialisation et d’une démocratie qu’il estime être totalitaires, tant cette approche a infusé dans une bonne partie de l’opinion russe. On retient entre autres la prépondérance de personnalités issues de milieux régaliens (armées, diplomatie, et surtout appareil sécuritaire), et plus encore d’une ligne dure partagée jusque chez les personnalités du monde des affaires ou de l’Église orthodoxe qui comptent le plus. Sur ce point, le régime s’est encore radicalisé, au détriment de partisans d’une modération politique et d’une détente avec l’Occident. Très proche du président dont il a dirigé le service de sécurité, Dioumine est un silovik qui a fait l’essentiel de sa carrière dans le monde du renseignement, de la sécurité et de la défense. En tant que n°2 du renseignement militaire russe, le GRU, il a joué un rôle clé dans l’annexion de la Crimée et aurait participé à l’opération de sauvetage du président ukrainien Viktor Yanoukovitch. S’il devait accéder à la tête de la Russie, sans doute l’ancien sômatophylaque du président russe poursuivrait-il l’orientation nationaliste et eurasiste de son prédécesseur, et pourrait visiblement s’affirmer plus déterminé encore dans la conduite d’une politique de puissance agressive.
- Monarchiste, orthodoxe intégriste et réactionnaire, créationniste, homophobe pathologique et sympathisant de la droite dure américaine, Malofeev est aussi l’un des principaux soutiens des partis d’extrême-droite en Europe, dont le Rassemblement national.
- Dès la chute de l’URSS, certains responsables politiques russes ou prorusses paraissaient peu crédibles lorsqu’ils défendaient des positions irrédentistes agressives qui ont fini pour certaines par se matérialiser.
- On trouve à peu près ce que l’on veut chez le camarade Poutine, ce qui explique qu’il soit apprécié auprès de populations et de bords politiques si divers, le tout pour des raisons souvent opposées d’un pays à l’autre, d’un camp idéologique à un autre.
- Le président américain avait simulé une colère incontrôlable pour faire croire à la partie adverse que la menace nucléaire était sérieuse.
- Le choc de la guerre en Ukraine, des sanctions économiques et mesures répressives qui ont suivi n’a fait qu’accélérer cette tendance.
- Une grande partie de l’opposition y voit un moyen de limiter le nombre de candidats hostiles au pouvoir en place.
Frites
Monarchiste, orthodoxe intégriste et réactionnaire, créationniste, homophobe pathologique et sympathisant de la droite dure américaine, Malofeev est aussi l’un des principaux soutiens des partis d’extrême-droite en Europe, dont le Rassemblement national. Sa cible est le libéralisme politique, auquel il oppose « la logique identitaire des guerres de civilisation ». En mobilisant ainsi des pans de la culture russe, le président russe espère susciter l’adhésion d’au moins une partie de l’opinion. Lorsque l’on demande aux sondés, en décembre 2014, s’ils sont prêts à assumer une baisse substantielle du niveau de vie de leur famille à cause des sanctions occidentales, 30% répondent par l’affirmative, mais 62% par la négative.
Au service du président Boris Eltsine (1996-
L’Italie est un cas fascinant comme je viens de le dire, car on y trouve une extrême droite russophile, autour de Matteo Salvini, de la Lega et de feu Silvio Berlusconi, et une extrême droite atlantiste, incarnée par Giorgia Meloni, marquée par l’anticommunisme et le ralliement aux États-Unis et à l’OTAN. Une fois que la « vraie« guerre s’est installée comme réalité de terrain, le régime a pu puiser dans des récits et des méthodes d’endoctrinement qui étaient en place mais pas entièrement déployés. Il a donc pu adapter assez facilement son arsenal idéologique, d’endoctrinement et de répression à l’idée d’une grande guerre civilisationnelle avec l’Occident. Y a-t-il seulement une continuité entre le froid dispositif de propagande mis en place par le maître du Kremlin — ses usines à trolls, ses mercenaires, ses siloviki — et les déclarations télévisuelles délirantes des faucons qui aimeraient déclencher une guerre nucléaire depuis Moscou ? Il y a des entreprises de communication, les photos célèbres du Président accomplissant toutes sortes d’exploits, mais ses discours ne sont pas particulièrement lus ou connus. Pour l’essentiel, Poutine a capitalisé sur la hausse du PIB permise par l’envol des prix du pétrole dans les années 2000.
Critiques du poutinisme
Les siloviki sont visiblement surreprésentés dans la garde rapprochée du chef d’État, dont les principaux conseillers sont souvent partisans d’une ligne « dure ». Les détenteurs des plus hautes fonctions de l’État ne sont pas toujours de vrais intimes du président, idempour les principaux patrons du pays ; a contrario, certains proches de M. Lorsque l’ampleur de l’ingérence russe dans la campagne du référendum sur le Brexit a été révélée au grand jour, cet aspect particulier de la stratégie de Douguine a fait l’objet d’une nouvelle appréciation. L’ingérence en faveur du Brexit tout comme le soutien aux forces politiques européennes hostiles aux anglo-saxons s’inscrit dans cette logique. Àl’instar du Brexit, certains ont tôt fait de pointer les similarités entre l’ingérence russe aux États-Unis qui s’est particulièrement manifestée durant la campagne présidentielle de 2016, et la stratégie de Douguine, y voyant l’influence de ce dernier dans la politique du Kremlin.
Douguine en fait une lecture politique et souhaite le retour à la Tradition (dont il a une conception étroite et exclusive) face au monde moderne, au libéralisme, aux valeurs « dégénérées » de l’Occident. Cette vision se retrouve entre autres dans son ouvrage La Quatrième théorie politique (traduit en français aux éditions d’extrême-droite Ars Magna), qui a bénéficié d’une véritable influence en Russie (jusqu’au Kremlin) et à l’étranger (notamment au sein des extrême-droites européennes). Douguine se revendique lui-même d’une forme nouvelle de fascisme, ce qui commence à faire beaucoup pour un seul homme, et a cité en exemples plusieurs figures et organisations liées au Troisième Reich. Cela fait de lui un marginal et un extrémiste aux yeux du grand public russe comme de l’essentiel des milieux dirigeants. Alexandre Douguine a publié en 1997 un ouvrage aussi célèbre de nom que méconnu sur le fond, Fondamentaux de géopolitique. On peut par exemple lire sur le site du Center for Security Policy que « il est clair que le gouvernement russe a pris les Fondements de la géopolitique comme modèle de sa politique étrangère37 ».
Fromage en grain
A l’intérieur, il impose un régime autoritaire, qui traque les partis d’opposition et transforme le Parlement en chambre d’enregistrement. A l’extérieur, il pratique une politique impérialiste, qui s’est affirmée en 2008 en Géorgie et culmine aujourd’hui en Ukraine, dont une partie est revenue sous la tutelle de Moscou. Le président russe lui a donné une assise idéologique qui vise, selon le philosophe Michel Eltchaninoff, à « l’enraciner dans la conscience nationale » et à « mobiliser son peuple autour d’un projet ». Très connu en Russie depuis une vingtaine d’années, cet idéologue né en 1962 a véritablement accédé à la notoriété en Occident entre la courte guerre de Géorgie et l’annexion de la Crimée. Son profil d’érudit antisystème, à la vision du monde aussi empirique restaurant de poutine que confuse, se rapprocherait chez nous de celui d’Alain Soral, l’infâme idéologue rouge-brun qu’il connaît d’ailleurs. Mais Alexandre Douguine s’est trouvé une place dans les milieux dirigeants de son pays et semble influer sur certaines de leur orientations politiques, dans des proportions qu’il reste à déterminer.
Sa vision d’une Russie assumant à la fois sa vocation de grande puissance en Europe et sa dimension asiatique se retrouve elle aussi pleinement dans la politique de l’actuel locataire du Kremlin. Celui que rien ne semblait destiner à devenir l’indétrônable dirigeant du plus grand pays du monde n’a pas eu la jeunesse d’un visionnaire rêvant de changer l’histoire à la tête de la Russie ; il n’a mûri de grand projet pour son pays que tardivement. Le futur président devait répondre à un vide d’incarnation puis incarner la nouvelle face d’un pouvoir dont l’oligarchie souhaitait garder le contrôle.
Le 31 décembre 1999, après la démission surprise de Boris Eltsine, Poutine, en sa qualité de président du gouvernement, devient président par intérim. Poutine, qui bénéficie du soutien du président Eltsine et de l’état-major, ordonne, après ultimatum, la reprise des hostilités en Tchétchénie, pour y « restaurer l’ordre constitutionnel fédéral ». La seconde guerre de Tchétchénie (officiellement appelée « opération antiterroriste ») commence le 1er octobre 1999.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson et le président des États-Unis Joe Biden qualifient le président russe de « dictateur », condamnant l’offensive russe,,,. L’opposition accuse le pouvoir de fraude électorale, parlant de « bourrages d’urnes » et de « manipulation du vote en ligne ». De son côté, Vladimir Poutine remercie les Russes pour « leur confiance » à la suite de cette victoire qui le renforce d’une nouvelle majorité à la Douma, deux ans avant l’élection présidentielle de 2024. Une grande partie de l’opposition y voit un moyen de limiter le nombre de candidats hostiles au pouvoir en place.